samedi 12 juin 2010

Le 8 Juin



"Des ouvrages du temps, l éternité reste amoureuse." (William Blake, un utopiste, aquarelliste, graveur et poète qui vivait nu dans son jardin, avec sa femme, à Londres, fin XVIIIème siècle)
En route par la station "Durock" vers le pont de St Cloud, direction le jardin Albert Kahn où je dois retrouver un ami collectionneur d'autochromes (des trucs à la fécule de pomme de terre qu'on colle sur des plaques de verre et qui datent de 1907, ça fait des photos, Baudelaire détestait ça).
15 ans ont été necessaires à Albert Kahn pour bâtir son jardin de 3, 9 hectares et quelques grains de sable, à Boulogne.

On y accède par le musée qui propose un regard sur la Bretagne...j'avouerai que c'est pas mon  truc, la Bretagne, ni les pommes de terre, ni la photo.
Sur la droite, une porte à double battant s'ouvre sur votre passage, et là au detour d'une allée bordée de galets, semblable à la via Krupp de Capri, se dévoile le jardin japonais avec en perspective, LE cèdre de l'Himalaya. 
Temps gris, à l Anglaise, ce jardin a quelque chose de Giverny-ses glycines-ses meules de foin : les ponts en bois, ici rouge carmin, le saule pleureur, les nénuphars, mélange harmonieux japonisant des plantes compagnes, symbolisant l'aspiration de son créateur à l 'entente entre les peuples.

Humaniste éclairé, créateur d'autochromes (1ere collection au monde), géographe, philantrope et pourtant banquier, le gendre idéal, Albert Kahn, convaincu que la connaissance des cultures étrangères favorisent les relations pacifiques  entre les peuples , créa ce jardin.
Façon Matriochkas, ces poupées Russes qui s'emboitent les unes dans les autres, le verger-roseraie, le jardin anglais, la petite prairie, la forêt vosgienne et son épicea du Colorado (découvert par le docteur Parry en 1852 en plein western indiens cow boys non loin du tipi d'une vieille squaw botaniste et multilingue), pour renaître, aimer,sentir, partager, vivre tout simplement.
La crise de 29 a tout fichu par terre en quelques coups de bourse. Albert Kahn, agréablement ruiné, s'est retrouvé, comme la loi le prescrit, avec une table, une chaise et une casserole.
Jardiniers du monde entier, gare à la casse; il nous restera la soupe aux orties et quelques bouquets de ronce.
Plat du jour, Pont de Saint Cloud, "poulet à l'estragon" façon omelette Norvégienne, surgelé-pâtes brûlantes, redescente sur terre à l'expo BD archi à Chaillot.
A noter une savoureuse et bien "dirty" histoire des USA par Crumb, créateur de la BD Fritz the Cat et banjoïste attitré de l'orchestre musette "Les Primitifs du Futur".
J'enfourche ma Gazelle-cipède pour un parcours bucolique le long des pistes cyclables, un coup de chapeau à Simon Bolivar, un regard vers le Louvre, (voir la suite dans les bons guides touristiques) à faire la nuit avec un cycliste amoureux, même récent, en déclamant "Des ouvrages du temps, l éternité... etc (voir plus haut, mais à apprendre par coeur, c'est assez facile à placer dans une conversation de cyclistes, une main sur le guidon, l'autre désignant n'importe quoi au loin.

3 commentaires:

  1. je vous ai croisée ce jour là...

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  2. le temps des cerises arrive...

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  3. Baudelaire, en fait, était assez conservateur, réticent au progrès technique...

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